Mosquée de quartier

samedi 29 novembre 2014

Séance du 29 novembre : Rencontre avec la sociologue Houda Laroussi

Merci à tous les participants à la séance de ce matin, qui a été l'occasion de rencontrer la sociologue Houda Laroussi (IRMC). 


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Durant la première partie de la matinée (9h-10h30), les élèves ont présenté à la sociologue certains des témoignages recueillis auprès de différents acteurs rencontrés dans la médina (résidents, commerçants, passants, ...).

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Puis, des échanges entre la sociologue et les élèves ont porté sur les points suivants :

  • la préparation des entretiens (guide d'entretiens, préparation de quelques questions centrales de l'entretien), la difficulté de préparer les entretiens lorsqu'on ne sait pas encore quelles seront les personnes interviewées, la nécessité de se présenter (qui sommes-nous ? quel est l'objectif de notre travail ?) afin de rassurer les personnes interviewées,
  • la tenue de l'entretien : nécessité de rester objectif par rapport à l'objet étudié, laisser parler les personnes (ne pas leur couper la parole si la personne dévie du sujet et essayer de réorienter la conversation vers le sujet étudié par d'autres questions), changer volontairement de sujet pour y revenir plus tard par d'autres questions
  • la recherche documentaire avant ou après les entretiens (qu'est-ce qui a déjà été écrit sur le sujet ? quelles recherches ont déjà été menées ?)
  • retour sur deux idées centrales souvent évoquées lors des premiers entretiens : le recul/la désorganisation de pratiques traditionnelles et l'apparition de nouvelles pratiques (organisation des souks, pratique religieuse, activités culturelles, populations résidentes).
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Dans la seconde partie de la matinée (10h30-12h30), les différents groupes d'élèves se sont dispersés dans la médina à la recherche d'images et de nouveaux témoignages.


Le groupe composé d'Imen Atallah et Walid Ben Hamadi et accompagnée par Houda Laroussi et Romuald Hazera s'est dirigé vers les souks pour recueillir les témoignages de commerçants (vendeur de chechias, parfumerie, magasin d'articles de mariage). Nous avons ensuite pu visiter deux très beaux restaurants : Diwan et Dar El Jeld.

lundi 24 novembre 2014

Balade nocturne (22/11)

Pour observer la vie dans la Médina et la photographier à différents moments de la journée, je m'y suis rendu avec Florence à la nuit tombée.

Après l'agitation de la journée, la ville retrouve son calme et sa tranquilité. Les souks ferment, seuls quelques petites boutiques de quartiers et quelques cafés restent ouverts assez tard.

Les ambiances nocturnes valent le détour, je ne peux que vous recommander d'en faire l'expérience.

DL

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dimanche 23 novembre 2014

Sortie du 8/11 (4)


Photos de Baya Ben Miled
Récit: Youcef Akrout et Youssef Trifa

Ce samedi, nous avons commencé notre travail d’enquête sur la fonction résidentielle, accompagnés de M. Luquet avec qui nous avions préparé une série de questions.
Nous avons tout d’abord pu interviewer une tante de Baya, qui réside dans la Médina depuis 1999, et a été témoin des changements que la ville a connus. Aussi a-t-elle commencé par nous détaillé le processus de restauration de la Médina, tout d’abord entrepris par l’Etat  puis l’Association de Sauvegarde de la Médina, dans les années 1970, se concentrant sur les monuments historiques et symboliques (zaouïas, mosquées,…) tandis que les habitations continuant à se dégrader, c’est pourquoi de puis les années 1990 nous assistons à une deuxième phase de restauration, organisée par les particuliers qui financent les travaux.
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De même, la population de la médina a beaucoup évolué depuis l’indépendance, puisqu’une grande partie des Tunisois, les Beldias, se sont installés dans des quartiers plus modernes du nouveau Tunis, tandis qu’ils étaient remplacés par les Douaris, venant du Sud (Matmata, Tataouine…). Cette atomisation est à l’origine e la division de la Médina en quartiers, ne formant plus un tout unique. Cela entraîne une disparition du tissu social, et une sorte de paupérisation de certains quartiers, mais en même temps la présence des Douaris est nécessaire car permet à la Médina de continuer à vivre.
Aussi, petit à petit, l'image de la Médina se transforme, puisque de "ville abandonnée par les siens, elle devient le lieu de prédilection pour le développement du tourisme alternatif à Tunis.
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Notre interlocutrice nous avoue ensuite beaucoup apprécier la vie dans la Médina, car très différente de celle des quartiers dortoirs de Tunis. En effet, il y règne une promiscuité importante, qui renforce la place des valeurs humaines, car "même si la Médina compte 10000 maisons, tous le monde connaît tout le monde", et ce tout en jouissant de tous les plaisirs de la vie moderne: gaz de ville, wifi...
Nous avons ensuite pu visiter sa maison, qui appartenait auparavant à un riche aristocrate avant-gardiste et qu'elle a presque entièrement restaurée, le défi étant le suivant: moderniser sans dénaturer. Aussi la maison présente-t-elle diverses strates correspondant aux restaurations successives qu'elle a subies, du XIXème siècle, avec les peintures au plafond italiennes, à nos jours, en passant par des céramiques datant de la seconde moitié du XXème siècle, et même un colonne hafside du XIIIème siècle au rez de chaussée. C'est pourquoi notre interlocutrice affirme que "la maison possède une mémoire;  elle absorbe tout, mais on ne peut se permettre tout".

Ensuite, nous avons visité une seconde maison appartenant à la cousine de Baya. Celle-ci est jeune, ente 18 et 20 ans et elle possède des avis différents par rapport à la tante de Baya. Ceci peut s’expliquer par la différence d’âge et, par conséquence, les différences de loisirs, d’aspirations…

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Cela fait 4 ans qu’elle vit dans la Médina, après avoir été dans la banlieue où elle a grandi toute son enfance et son adolescence. Elle affirme que le cadre de vie est différent et qu’il s’agit d’une nouvelle expérience. Elle ne prétend pas être heureuse là-bas puisqu’elle était habituée à « profiter de la vie » alors qu’elle se retrouve ici sans loisirs. Elle est contrainte de se déplacer hebdomadairement vers la banlieue pour rencontrer ses amis (elle a des relations assez froides avec les voisins). Cependant, notre interlocutrice apprécie un aspect qu’elle ne peut pas retrouver à Carthage : la discrétion, qui est une des valeurs les plus importantes dans la Médina où la porte de la maison représente une barrière entre le monde extérieur et l’espace interne. Néanmoins, elle veut déménager le plus tôt possible mais elle affirme vouloir retourner à la Médina dans 20, 30 ans. Pour elle, le fait de restaurer une maison là-bas est un bon investissement. Mais, il est intéressant de noter que la restauration de la deuxième maison n’a pas été effectuée de la même manière que la première. Le respect à l’architecture authentique est bien moins important.
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Enfin, notre interlocutrice veut que la Médina change. Elle invite à la laïcisation de celle-ci et à l’épuration des populations afin de laisser les plus respectueux au patrimoine vivre dans ce site historique. Les « nouveaux riches » sont extravaguent et veulent à tout prix exposer leurs richesses pour égaler les aristocrates. De plus, le trafic de drogues est présent et les policiers sont généralement absents. Elle a donc perdu une forme d’aisance qu’elle avait auparavant à la Marsa.

dimanche 16 novembre 2014

Séance de travail du samedi 15/11

Chers tous,

Merci pour votre présence ce samedi matin au lycée. Nous avons pu échanger dans la bonne humeur et la convivialité.

J'ai d'abord animé une formation sur la photographie pendant une heure environ (9h-10h) en groupe complet pour étudier certaines caractéristiques du photo-journalisme, pour travailler sur les images, la composition, le point de vue, etc,  à travers l'observation et l'analyse d'images exemplaires de grands photographes.

Puis les photographes en herbe ont poursuivi cette formation par des éléments techniques pour mieux exploiter les possibilités créatives de leur appareil reflex (10h20-12h30).
Pendant ce temps, le reste des élèves a travaillé avec Romuald Hazera sur les témoignages receuillis et les notes prises lors de leurs enquêtes pour essayer de creuser la réflexion sur la Médina  comme lieu de mémoire et pour préparer ainsi les récits qui accompagneront les photographies pour la future exposition.

Hatem Bouhlel a filmé différents moments de cette mâtinée de travail.

La semaine prochaine pause lors des élections présidentielles. Nous nous retrouverons donc dans quinze jours pour une rencontre avec un sociologue (ex-directeur de l'IRMC).

A bientôt,
DL

P.S : Je m'étais rendu plus tôt dans la Médina pour faire des photos à la lumière du petit matin et avant que la foule n'engorge les rues étroites. Voici quelques images.

La Porte de France, entrée principale de la Médina

Un homme tire un lourd chargement
devant les rideaux des boutiques encore fermées

La Zitouna, centre religieux de la Médina
Une rue calme, les habitants commencent à sortir
Un homme pousse un chariot sur les pavés brillants 


mercredi 12 novembre 2014

Sortie du 8/11 (3)

Hakim Fekih et Leila Aloulou racontent...

Nous avons décidé pour cette première visite « solo » de la Médina de partir à la découverte de la ville, sans itinéraire précis, nous sommes allés là où nos jambes nous menaient.
Dès que nous nous sommes séparés du groupe, nous sommes allés du coté du bureau des relations avec le citoyen du ministère des affaires religieuses. Un homme là-bas nous a expliqué que ce bureau servait essentiellement a établir le lien entre le ministère et le citoyen.

Puis, continuant notre chemin, nous avons rencontré un vieil homme, agé d’une soixantaine d’années, assis devant une boutique, lisant son journal tranquillement. Nous lui avons demandé la permission de le prendre en photo, puis nous avons engagé la conversation avec lui. Il s’est avéré que cet homme était originaire de Kasserine, qu’il est dans la médina depuis 12 ans à cause d’un procès qu’il mène contre l’UGTT. La discussion fut brève. Nous continuâmes notre chemin.

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Une fois arrivés à la rue du Pacha, nous sommes entrés chez un bouquiniste pour lui poser des questions par rapport à la question de la lecture chez les jeunes d’aujourd’hui. Il a répondu que les personnes agées de plus de 40 ans lisaient beaucoup, mais que dépassée cette tranche d’age, les plus jeunes actuellement ne sont pas réellement attirés par la lecture. "Ils ne lisent que ce qu’on leur demande de lire à l’école.", nous a-t-il dit. Et il a rejeté la faute à l’Etat qui, d’après lui, n’encourage pas assez les jeunes à aller lire, les prix des livres étant trop chers. Selon lui, l’Etat devrait mettre en place un politique de subventions. Nous avons essayé de diriger le débat vers la religion, le bouquiniste a commencé par critiquer les nouveaux courants religieux importés du Moyen-Orient tels que le Wahabisme, et a prôné un islam modéré et tolérant : l’Islam Tunisien d’après lui.

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Enfin dans notre chemin vers la mosquée Zitouna, nous sommes passés par le souk des Chaouachins, où nous avons trouvé un fabricant de chachia qui a bien voulu répondre à nos questions. La première question était « Que représente la chachia dans la culture Tunisienne ? » et sa réponse fut pour le moins marquante « un patrimoine ! ». Il en était très fier. Pour lui, la chachia représente la culture Tunisienne, ce qui reste de la mémoire de nos ancêtres. Il nous a dit qu’autrefois, aucun homme ne se séparait de sa chachia, c’était la marque tunisienne. Toujours d’après lui, la chachia a amené l’indépendance car Bourguiba aurait financé la lutte armée grâce à l’argent du souk des chaouachins. Puis, nous avons à nouveau dirigé le débat vers la religion, et ses réponses ressemblaient beaucoup à celles du bouquiniste. Il défendait lui-aussi l’Islam « modéré » Tunisien, contre ces nouvelles tendances religieuses extrémistes selon lui. Et d’un autre coté, il semblait aussi reprocher à Bourguiba d’avoir tué quelque peu la culture tunisienne en occidentalisant trop le pays. De plus il s’est plaint de la détérioration de la Médina qui, d’après lui, a perdu l'eesnetiel de son charme. Il rattache cette détérioration de la Médina, à la détérioration de la culture tunisienne toute entière.

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Nous avons ensuite déambulé dans la Médina, à recherche d'un lieu s'inscrivant dans le domaine religieux. Nous sommes ainsi tombés par hasard sur ce qui, selon la plaque accrochée au-dehors, était une medersa. Cependant, quand nous sommes entrés, cela semblait être en réalité une zaouia. Un homme était en train de réciter la sourate al fatiha, tandis que sa fille l'attendait, jouant discrètement sous l'oeil bienveillant de sa mère. 

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En conclusion, nous avons appris beaucoup de choses lors de cette journée, nous n’avons peut-être pas réellement respecté la fonction sur laquelle nous travaillions qui est la fonction religieuse, mais ce que nous avons découvert grâce notamment au vendeur de chachia valait la peine de s’écarter un peu du sujet. Et puis les chercheurs ne trouvent pas toujours tout ce qu’ils cherchent !

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dimanche 9 novembre 2014

Sortie du 8/11 (2)

Walid Ben Hamadi et Imen Atallah racontent ...


Photos © Sarra Boughattas

           Dès les premières minutes de notre visite, nous passons devant une Medersa, que nous décidons de visiter. Par chance, celle-ci, qui servait, à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle, de lieu d’hébergement pour les étudiants de la Zitouna, vit naitre les premiers élans nationalistes sous la période coloniale. Arrêtés par la police Française à deux reprises, les étudiants transformèrent la Medersa en club de boxe et d’escrime, et sous couvert de manifestations sportives, ont continués à répandre leur idéologie politique.

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L'entrée de la Medersa

 Nous avons ensuite continués notre parcours et, curieux à propos d'une ruelle, nous nous y aventurons... Pour y découvrir l'institut du patrimoine, où on nous a appris avec entrain l'énorme rôle politique qu'a eu la médina au cours des siècles. On nous a conseillé de visiter la maison de Mustafa Ben Ismail, ancien Premier ministre ayant atteint ce grade grâce à ses talents de séducteur face aux femmes, et qui a volé les biens de la Tunisie et s'est enfui avec en Turquie ; de visiter aussi la maison de Bourguiba, aujourd'hui un musée présentant tous les biens de l'ancien président et surtout, nous dit - on, ne négligez pas le rôle qu'a joué la femme dans les positions de pouvoir en Tunisie. 



On nous a ensuite emmené à la bibliothèque de l'institut du patrimoine, où on nous a conseillé des ouvrages sur la médina ; 
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La bibliothèque



Enfin, nous sommes retourné aux souks. Nous nous sommes alors demandé si tous ces marchands et artisans autour de nous étaient protégés par une quelconque institution, et si les souks étaient organisés en divisions pour chaque type de produits. Un homme tenant un magasin pour les mariées nous a chaleureusement répondu : "rien ne nous protège. Les syndicats, les associations, c'est fini tout ça. Ça existait quand la Tunisie était gouvernée par un Bey, puis un peu moins sous Bourguiba, encore un peu moins sous Ben Ali, et depuis la révolution, il n'y a plus rien. Quant à l'organisation, regardez autour de vous. Il y a des vendeurs de babouches, de chechias, de faux bijoux, tous dans cette partie du souk. L'organisation a disparu en même temps que les syndicats. Ça fait quarante - cinq ans que je travaille ici, mon père travaillait dans le même local avant moi, et son père à lui aussi, et la médina n'a jamais été aussi peu structurée." 


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Marchand d'articles de mariage
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Un souk
     Enfin, nous avons terminé notre visite par une entrevue avec un bijoutier. Celui-ci nous a raconté l’histoire de sa profession, une des plus puissantes de la Médina, et la seule à être encore légèrement organisée, notamment en ce qui concerne la fermeture des souks. Il a également mis en avant, à travers sa propre histoire, une mutation qui touche la Médina dans son ensemble, avec une modification dans les rapports de force entre les différents domaines de l’artisanat (depuis Bourguiba, les souks ne sont plus spécialisés. Certains domaines de l’artisanat comme la fabrication de la chechia, autrefois influents, ont perdu tout leur pouvoir), mais aussi entre les personnes (les commerçants les plus âgés, autrefois respectés et écoutés, ne le sont aujourd’hui plus).

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     Vendeur de bijoux 

Sortie du 8/11 (1)

photos © Damien Loquay

Nous avons été pour la deuxième fois dans la Médina aujourd'hui pour réaliser les premières photos et interviews. Trois groupes ont travaillé le matin, deux l'après-midi. 

Les photos qui suivent sont celles que j'ai prises en compagnie d'Hédi Farhat qui s'est chargé des interviews. Nous avons travaillé sur les activités interlopes et les quartiers dégradés de la Médina pour comprendre en quoi le patrimoine architectural et l'organisation centenaire des activités et la composition des populations sont en pleine mutation, ce qui est souvent vu par les anciens comme une atteinte à l'identité profonde de la Médina.

Les personnes interrogées, des "anciens" et des habitants récents nous ont raconté cette histoire, leur histoire. Nous avons rencontré un herboriste, un vieil homme qui est né et qui a toujours vécu là, un armurier et son fils qui réparait la crosse d'un vieux fusil belge, un artisan graveur et de jeunes commerçants venus des régions de province qui font partie des ces gens modestes qui réinvestissent les quartiers paupérisés de la ville depuis une dizaine d'année et y établissent des boutiques informelles.  

On attend les photos de Sarra, Baya, Leila et Syrine avec impatience ainsi que les récits et les témoignages des journalistes en herbe.

Prochain RDV samedi prochain au lycée pour une séance de travail en ateliers.

DL


L'herboriste 

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Un jeune commerçant vendant des contrefaçons 

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Le fils de l'armurier 

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Une autre boutique informelle 

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Dégradations  

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lundi 3 novembre 2014

Groupe Facebook

Bonjour à tous,

Walid Ben Hamadi a créé un groupe Facebook qui nous permettra d'échanger rapidement sur nos activités.

N'hésitez pas à poster un compte-rendu de visite, une photo, une idée, ...
L'objectif du groupe est de faire partager votre travail et de commenter le travail des autres.

Romuald Hazera

Préparation de la sortie du 8 novembre

Chers tous,

Nous entrerons samedi dans la phase de recherche et de production. Les choses sérieuses commencent.

dimanche 2 novembre 2014

Un récit de la visite guidée de la Médina par Youssef Trifa

Visite guidée de la Médina le 11 octobre 2014 

Récit par Youssef Trifa
Photos © Damien Loquay

L’histoire des origines de la Médina et de la Kasbah

La médina de Tunis est située au carrefour d’une route commerciale très ancienne, sur l'axe Nord/Sud. Le premier village construit à cet emplacement fut Tines, il se trouvait entre deux plans d'eau, et possédait des atouts stratégiques naturels du fait de sa position. Ce village fut mentionné par certains auteurs latins comme Tite-Live.

Lorsque les Arabes conquirent la région en 670, ils prirent comme capitale Kairouan, car la ville est au centre du pays et protégée des attaques maritimes. Au Nord, il préférèrent Tines à Carthage car cette dernière était trop proche de la mer, et donc sujette au attaques byzantines, alors plus grande menace pour les arabes. Comme Tines ne possédait pas de lien direct vers la mer, un canal fut plus tard creusé pour amener la mer vers Tines et renforcer son rôle économique et commercial (actuellement l'avant port de La Goulette). Ce qui permit en important essor.
Au XVIIIème siècle, Tunis devient enfin la capitale politique du pays, les Beys en faisant leur résidence. Est alors construite la Kasbah (littéralement: la citadelle) par les Hafsides.

La place de la Kasbah a joué  et joue encore un important rôle politique dans histoire de la Tunisie, et les monuments qui y sont présents témoignent de ce passé.

Sur cette place se trouve l'un des plus anciens Minarets d'Afrique du Nord, datant de 1230, qui a inspiré de nombreux autres minarets par la suite.

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Au XVIème siècle, les problèmes internes poussent les dirigeants à faire appel à Charles Quint, roi d'Espagne, qui prend La Goulette en 1535. Cependant, très vite les Turcs chassant les Espagnols, débute alors la régence ottomane de Tunis. La Kasbah reste le centre politique de la ville, puisqu'au XVIIIème siècle est construite Dar el Bey, l'actuel premier ministère.

Suite à 1881, le protectorat français conserve le pouvoir in situ, et fait même construire des monuments dans le style arabisant, mélange des styles européens et arabo-musulmans, à l'instar de l'école Sadiki, ou encore d’une caserne construite au milieu de la place, qui fut démolie plus tard par Bourguiba (qui y fut interné et condamné pour ses activités). Sur son emplacement se trouve désormais la maison du parti de Bourguiba, qui est maintenant camouflée par la mairie.

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La place regroupe donc:
-un minaret datant du XIIIème siècle
-deux monuments funéraires (turbet) turcs du XVIIème siècle
- Dar el Bey (le rez de chaussé uniquement) du XVIIIème siècle
- la maison du parti de Bourguiba, datant de 1960
- la mairie, une construction contemporaine

De plus, on y retrouve neuf ministères, elle perpétue son rôle de centre politique rassemblant les fonctions gouvernementales, ce qui explique les nombreuses manifestations ayant eu lieu sur cette place depuis la révolution du 14 janvier 2011.


Comment se structure la Médina ?

La partie de centrale de la médina est la plus ancienne, ses murailles datant du IXème siècle.

Elle connut une extension au XIIème siècle sur l'axe Nord Sud.
Aujourd'hui, elle s'étale sur près de 300 ha intra muros, avec la même organisation : toutes les rues partent du point central, symbolisé par la Grande Mosquée (Zitouna), puis cheminent tels des rayons, du centre vers les périphéries, jusqu'à arriver aux portes de la médina. Le centre et les rues principales sont réservées pour les activités publiques (commerce, artisanat, et tous les autres services), tandis que les habitation se situent au bout de culs de sac qui viennent se greffer sur les rues principales, les familles les plus riches habitant au fond de l'impasse.

La médina est donc organisée de façon à séparer vie publique et vie privée.

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Quelques lieux de mémoire que l’on a visités :

Les masjad : petits oratoires de quartier, souvent financés par de riches contribuables, ils permettent aux habitants de se réunir pour écouter les imams prêcher ou faire la lecture du Coran. Ils possèdent également une petite salle de prière.

Dar el Medina : il s'agit de l'ancienne maison d'un grand nationaliste Tunisien, Alela Belahouan, transformée aujourd'hui en un petit hôtel. Celui ci, conservant en partie l'organisation des maisons traditionnelles, permet de nous rendre compte de la vie dans de telles maisons. 
Les chambres étaient en forme de T renversé, avec deux lits en vis-à-vis aux extrémités : l'une pour les parents, l'autre pour les enfants. Chaque chambre possédait le nom de la maîtresse de maison, et elles étaient disposées tout autour de la cour centrale où se réunissaient les différentes personnes vivant dans la maison. Dans cette cour se trouve le "majel", une ouverture pour puiser l'eau construite sur un réservoir souterrain. Elle était totalement fermée sur l'extérieur, pour préserver l'intimité des familles. Enfin, vers l'entrée, se trouvait une pièce réservée pour les services et les repas où se réunissait toute la famille.

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Les cafés : introduits au XVIIème siècle en Tunisie, notamment grâce au ministre Youssef Dey, qui fit construit le premier café: le café Mrabet. Beaucoup critiqués par les religieux, les jugeant source d'oisiveté, ils ont néanmoins rapidement proliféré, essentiellement dans les Souks.

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Les Souks (des tailleurs-brodeurs, des bijoutiers) : le souk des tailleurs-brodeurs est ancien marché aux esclaves (les manifestation de 1846 ont permis l'abolition de cette pratique en Tunisie). 
Chaque Souk, en plus des artisans, pouvait compter sur un "Amin", un expert chargé de trancher en cas de différend entre marchands et clients, néanmoins aujourd'hui il n'en subsiste dans la médina qu'un seul, spécialisé pour les bijoutiers.

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