Mosquée de quartier

dimanche 2 novembre 2014

Un récit de la visite guidée de la Médina par Youssef Trifa

Visite guidée de la Médina le 11 octobre 2014 

Récit par Youssef Trifa
Photos © Damien Loquay

L’histoire des origines de la Médina et de la Kasbah

La médina de Tunis est située au carrefour d’une route commerciale très ancienne, sur l'axe Nord/Sud. Le premier village construit à cet emplacement fut Tines, il se trouvait entre deux plans d'eau, et possédait des atouts stratégiques naturels du fait de sa position. Ce village fut mentionné par certains auteurs latins comme Tite-Live.

Lorsque les Arabes conquirent la région en 670, ils prirent comme capitale Kairouan, car la ville est au centre du pays et protégée des attaques maritimes. Au Nord, il préférèrent Tines à Carthage car cette dernière était trop proche de la mer, et donc sujette au attaques byzantines, alors plus grande menace pour les arabes. Comme Tines ne possédait pas de lien direct vers la mer, un canal fut plus tard creusé pour amener la mer vers Tines et renforcer son rôle économique et commercial (actuellement l'avant port de La Goulette). Ce qui permit en important essor.
Au XVIIIème siècle, Tunis devient enfin la capitale politique du pays, les Beys en faisant leur résidence. Est alors construite la Kasbah (littéralement: la citadelle) par les Hafsides.

La place de la Kasbah a joué  et joue encore un important rôle politique dans histoire de la Tunisie, et les monuments qui y sont présents témoignent de ce passé.

Sur cette place se trouve l'un des plus anciens Minarets d'Afrique du Nord, datant de 1230, qui a inspiré de nombreux autres minarets par la suite.

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Au XVIème siècle, les problèmes internes poussent les dirigeants à faire appel à Charles Quint, roi d'Espagne, qui prend La Goulette en 1535. Cependant, très vite les Turcs chassant les Espagnols, débute alors la régence ottomane de Tunis. La Kasbah reste le centre politique de la ville, puisqu'au XVIIIème siècle est construite Dar el Bey, l'actuel premier ministère.

Suite à 1881, le protectorat français conserve le pouvoir in situ, et fait même construire des monuments dans le style arabisant, mélange des styles européens et arabo-musulmans, à l'instar de l'école Sadiki, ou encore d’une caserne construite au milieu de la place, qui fut démolie plus tard par Bourguiba (qui y fut interné et condamné pour ses activités). Sur son emplacement se trouve désormais la maison du parti de Bourguiba, qui est maintenant camouflée par la mairie.

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La place regroupe donc:
-un minaret datant du XIIIème siècle
-deux monuments funéraires (turbet) turcs du XVIIème siècle
- Dar el Bey (le rez de chaussé uniquement) du XVIIIème siècle
- la maison du parti de Bourguiba, datant de 1960
- la mairie, une construction contemporaine

De plus, on y retrouve neuf ministères, elle perpétue son rôle de centre politique rassemblant les fonctions gouvernementales, ce qui explique les nombreuses manifestations ayant eu lieu sur cette place depuis la révolution du 14 janvier 2011.


Comment se structure la Médina ?

La partie de centrale de la médina est la plus ancienne, ses murailles datant du IXème siècle.

Elle connut une extension au XIIème siècle sur l'axe Nord Sud.
Aujourd'hui, elle s'étale sur près de 300 ha intra muros, avec la même organisation : toutes les rues partent du point central, symbolisé par la Grande Mosquée (Zitouna), puis cheminent tels des rayons, du centre vers les périphéries, jusqu'à arriver aux portes de la médina. Le centre et les rues principales sont réservées pour les activités publiques (commerce, artisanat, et tous les autres services), tandis que les habitation se situent au bout de culs de sac qui viennent se greffer sur les rues principales, les familles les plus riches habitant au fond de l'impasse.

La médina est donc organisée de façon à séparer vie publique et vie privée.

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Quelques lieux de mémoire que l’on a visités :

Les masjad : petits oratoires de quartier, souvent financés par de riches contribuables, ils permettent aux habitants de se réunir pour écouter les imams prêcher ou faire la lecture du Coran. Ils possèdent également une petite salle de prière.

Dar el Medina : il s'agit de l'ancienne maison d'un grand nationaliste Tunisien, Alela Belahouan, transformée aujourd'hui en un petit hôtel. Celui ci, conservant en partie l'organisation des maisons traditionnelles, permet de nous rendre compte de la vie dans de telles maisons. 
Les chambres étaient en forme de T renversé, avec deux lits en vis-à-vis aux extrémités : l'une pour les parents, l'autre pour les enfants. Chaque chambre possédait le nom de la maîtresse de maison, et elles étaient disposées tout autour de la cour centrale où se réunissaient les différentes personnes vivant dans la maison. Dans cette cour se trouve le "majel", une ouverture pour puiser l'eau construite sur un réservoir souterrain. Elle était totalement fermée sur l'extérieur, pour préserver l'intimité des familles. Enfin, vers l'entrée, se trouvait une pièce réservée pour les services et les repas où se réunissait toute la famille.

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Les cafés : introduits au XVIIème siècle en Tunisie, notamment grâce au ministre Youssef Dey, qui fit construit le premier café: le café Mrabet. Beaucoup critiqués par les religieux, les jugeant source d'oisiveté, ils ont néanmoins rapidement proliféré, essentiellement dans les Souks.

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Les Souks (des tailleurs-brodeurs, des bijoutiers) : le souk des tailleurs-brodeurs est ancien marché aux esclaves (les manifestation de 1846 ont permis l'abolition de cette pratique en Tunisie). 
Chaque Souk, en plus des artisans, pouvait compter sur un "Amin", un expert chargé de trancher en cas de différend entre marchands et clients, néanmoins aujourd'hui il n'en subsiste dans la médina qu'un seul, spécialisé pour les bijoutiers.

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